L'idée de ce sujet m'est venue la semaine dernière, lorsque je suis intervenue auprès des lycéens de la ville d’Anglet dans le cadre du projet « l’Appart Te Ment », une semaine de sensibilisation aux conduites à risque : consommation de drogues dont tabac et alcool, prévention des MST et sexualité, estime de soi, malbouffe…
Vous l’aurez deviné, moi et mes collègues diététiciennes, Marina LARZABAL (Bayonne) et Marlène MIMIAGUE (Hossegor), intervenions sur ce dernier thème. L’enjeu était de définir ce qu’on appelle communément « malbouffe », et de s’intéresser à comment les adolescents perçoivent ces aliments.
Mais voilà, le terme « malbouffe » nous a pas mal fait réfléchir entre nous avant même d’en parler avec les élèves. Ne serait-il pas légèrement connoté d’une façon péjorative ? Sous-entendu, tout ce qui provient de la fast-food (burger, frites, tacos*, pizza, kebab, sodas, crèmes glacées), des produits de pâtisserie, de charcuterie et de l’ultra-transformation (bonbons, sauces, plats préparés, etc.) serait « mal », mauvais pour notre santé ?
*Tacos français, c'est-à-dire celui dans lequel on a rajouté des frites, plusieurs viandes, des sauces diverses...
Aujourd’hui, quand on passe un peu de temps sur les réseaux sociaux ou que l’on écoute la radio ou la télévision, on a l’impression d’être en permanence dans l’ambivalence entre le bien et le mal dans notre assiette. Dernièrement, en faisant mes courses dans une enseigne de grande surface, j’ai carrément entendu ce message publicitaire :
« Le chocolat noir est bon pour votre santé, et ça tombe bien car en ce moment chez *******, pour 2 tablettes achetées, la 3ème est offerte ! ». Je suis restée interloquée. A quel moment une chaîne de supermarché décrète qu’un produit est « bon » pour la santé ? Et légitime au passage sa surconsommation en incitant les clients à en acheter davantage (ça ok, c’est leur métier de vendre, d’accord).
Pour revenir à nos ados, j’ai été agréablement surprise de constater que le discernement fait partie de leur esprit d’analyse. Ainsi que la nuance, qui manque pourtant cruellement à nos médias !
Réflexion : quand on parle de « manger équilibré », qu’est-ce que cela sous-entend ? Est-ce opposé à la « malbouffe », ou s’agit-il de l’intégrer avec parcimonie et par choix à notre alimentation ? Cela soulève même la question de l’équilibre alimentaire général : est-ce finalement une notion applicable à tous ? Pas vraiment en pratique… Il n’y a pas une vérité unique quand on parle de diététique, tout dépend du contexte dans lequel la question se pose.
Prenons l’exemple du beurre. Cet aliment est-il bon ou mauvais pour la santé ? Vaste question. Objectivement, le beurre présente un fort taux d’acides gras saturés, qui en excès, augmentent la prévalence des maladies cardio-vasculaires en favorisant la production de LDL-cholestérol.
D’un autre côté, le beurre est un des seuls aliments à apporter du rétinol, la forme animale de la vitamine A, extrêmement importante pour l’acuité visuelle, soutenir le système immunitaire et maintenir une peau en bonne santé. Avons-nous nécessairement besoin de trancher ? Non. Combien consommons-nous de beurre par jour ? En moyenne 20 grammes.
On ne peut pas dire qu’il existe de bons ou de mauvais aliments car tous apportent des bénéfices à différents points de vue : calories, nutriments, plaisir… Questionner ces besoins et les identifier peut permettre d’y répondre au mieux, et d’avoir ainsi une alimentation équilibrée et équilibrante sur le long terme, en prenant le temps de s’écouter, et en tenant compte du contexte dans lequel on évolue.
J'espère que cette petite réflexion vous aura plu ! A très vite ☀️
Loïs
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